Au préalable de toute action, il est nécessaire de faire le point sur la situation que l’on observe : il s’agit de faire un diagnostic de situation et de dégager le(s) problème(s) prioritaire(s) ou les enjeux de santé au(x) quel(s) on souhaite répondre. D’où est venue l’idée de l’action ? Et à quel problème veut-elle répondre ?
Aux origines d’un projet, il peut y avoir :
- un problème identifié par les professionnels,
- une commande, une orientation politique,
- une obligation légale,
- une demande de la population,
- un événement, une opportunité,
- une idée, etc.
Pour passer de l’idée au projet, un temps d’enquête est nécessaire. Il s’agit de répondre aux questions suivantes :
- De quels problèmes, de quels enjeux s’agit-il ? Quels sont les déterminants de ce problème ? Peut-on agir dessus ?
- Quelles sont les caractéristiques de la population, du lieu de vie, du territoire ?
- Existe-t-il une demande d’intervention ?
- Quelles sont les ressources locales, les programmes et les financements disponibles ?
- Quels sont les acteurs en présence ? Quel type d’intervention mènent-ils ?
- Quelle légitimité à répondre à ce problème ?
Concrètement, le diagnostic se déroule en 4 étapes :
- un recueil de données objectives qui permet de décrire la situation sur les plans épidémiologique, démographique, sociologique… (revues spécialisées, données statistiques) ;
- un recueil de données subjectives qui permet de prendre en compte les attentes et spécificités du public (rencontre des publics, étude sur leurs représentations) ;
- l’identification des ressources, des potentialités disponibles et des contraintes, difficultés (observation directe, entretiens) ;
- l’identification des moyens d’action sur la situation qui s’appuie sur les actions déjà menées, et les actions probantes (efficaces dans un contexte donné).
Cette quatrième étape nécessite d’avoir identifié les déterminants du problème pour identifier les différents niveaux d’action possibles.
Exemple
Un problème de violence au collège peut être déterminé par plusieurs éléments : l’adolescence est une période de bouleversements physiques, psychiques qui peut se traduire par une difficulté à réguler son stress et ses émotions ; la communauté éducative peut être insuffisamment outillée pour encadrer des élèves difficiles et ne pas être toujours cohérente dans la posture, les classes peuvent être surchargées ou les espaces communs petits et peu accueillants… Ce sont sur ces éléments que l’on pourra ou non agir. C’est eux qui constitueront les objectifs spécifiques de l’action.
Une fois les problèmes de santé et leurs déterminants identifiés, il s’agit de prioriser ceux sur lesquels l’action va porter, à partir des critères ci-dessous :
- l’importance du problème : l’ampleur, la gravité (degré et types d’altération de la santé, populations déjà fragilisées, conséquences pour les publics), une priorité institutionnelle…
- la faisabilité : l’existence de solutions efficaces et adaptées, les moyens et ressources disponibles, l’existence de données probantes sur les actions efficaces.
- l’acceptabilité : culturelle, éthique, économique.
Il est aussi nécessaire d’avoir identifié les données probantes sur l’intervention. Pour cela, il est possible de s’appuyer sur les données scientifiques (revues de la littérature, articles, ouvrages, thèses et rapports scientifiques de différentes disciplines), sur les recommandations et synthèses (rapports officiels, guides de pratiques validées), sur les savoirs expérientiels des professionnels et des publics, sur des évaluations et capitalisations d’actions.
Dans notre exemple
On peut travailler sur la régulation des émotions qui est identifiée comme un élément clé dans la littérature pour prévenir la violence. Dans ce cadre, on pourra alors chercher à renforcer les compétences psychosociales des collégiens pour lesquelles il existe plusieurs synthèses de la littérature qui indiquent que c’est un levier efficace pour réguler les émotions. (Synthèse d’interventions probantes dans les domaines de la formation. SIPrev compétences psychosociales. Chaire de recherche en prévention des cancers INCa/IReSP/EHESP 2017).
Le diagnostic est donc une phase exploratoire qui permet d’identifier les besoins de santé de la population concernée, et à partir de laquelle il est possible de dégager des priorités et des stratégies d’action. Cette phase permettra également d’initier un partenariat avec les acteurs « incontournables » du problème de santé identifié.
Dans notre exemple
On identifie un besoin pour les collégiens sur la régulation des émotions, un besoin pour les professionnels pour travailler sur la cohérence éducative face à des situations conflictuelles et un besoin d’améliorer le cadre de vie du collège…
Les données collectées dans le cadre du diagnostic peuvent être utilisées dans la démarche d’évaluation, pour identifier les évolutions du problème, de ses déterminants et du contexte.
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