La dynamique groupale s’entend comme l’ensemble des interactions et des processus psychologiques qui se produisent au sein du groupe de participant·es et de formateurs·trices. Ces derniers influencent le comportement des participant·es, en particulier leur engagement dans les activités.
L’approche participative en promotion de la santé
Dans le champ de la promotion de la santé, les actions sont inscrites dans une démarche participative. La participation « a comme objectif principal de permettre aux populations d’avoir accès à une citoyenneté complète, de prendre part à des décisions les concernant et de devenir actrices de leur vie » (Sachs, 2006). Cela signifie que le groupe est impliqué au maximum dans les décisions qui le concernent.
Pourquoi favoriser une dynamique groupale ?
Une dynamique collective permet de renforcer la motivation des participant·es par :
- le transfert d’émotions positives dans le groupe, telles que la joie, l’amusement, l’excitation, le plaisir, la curiosité, l’intérêt, l’envie…
- la satisfaction des besoins de reconnaissance et d’appartenance à un groupe, qui permet de rompre le sentiment d’isolement
- le soutien et la valorisation des autres participant·es, qui contribuent au sentiment de compétence et de valorisation du groupe
Elle vise à enrichir la formation avec les savoirs et les expériences de chaque individu et favorise l’entraide, notamment pour résoudre des problèmes rencontrés en situation de travail. Elle permet enfin de soutenir le processus de déplacement des représentations en intégrant d’autres points de vue.
Les étapes de la dynamique groupale
Ce tableau présente les cinq étapes de la dynamique de groupe selon le modèle de Tuckman et Jensen (Tuckman et Jensen, 1977) et les actions que le formateur ou la formatrice peut entreprendre pour soutenir chaque étape.
Tableau : Les étapes de la dynamique de groupe
Les caractéristiques du groupe
La dynamique groupale dépend de certaines caractéristiques du groupe. Le tableau suivant liste les caractéristiques repérées par Mucchielli (1965) et Abric (1999), auxquelles ont été associées des actions pouvant être mises en place par le formateur ou la formatrice pour les étayer.
Tableau : Les caractéristiques d’un groupe
Retenons que, quel que soit le modèle, le groupe passe par différentes étapes et a des caractéristiques et des besoins dont il est important de tenir compte pour favoriser la réussite de la formation.
Comment favoriser la coopération ?
La formation peut également être orientée vers l’identification des ressources et des environnements favorables à la coopération, par exemple :
- Mettre en avant la cohérence éducative et l’intérêt que des professionnel·les d’un même territoire ou d’une même structure développent une approche commune autour d’un enjeu et se mettent d’accord sur de grandes lignes à suivre, notamment en termes de posture.
- Mobiliser des publics à travers des stratégies spécifiques. Par exemple, dans la littérature anglophone, on parle de « community leader » pour désigner une personne capable de mobiliser et d’impliquer les membres d’une communauté pour atteindre des objectifs communs. Il s’agit d’un individu qui a une influence positive sur son entourage et qui est en mesure d’organiser des activités et des événements qui rassemblent les membres de la communauté. Le concept de « community leader » est souvent utilisé dans le champ du développement communautaire et de la promotion de la santé. Les « community leaders » jouent un rôle-clé dans la mobilisation des membres de la communauté pour promouvoir des changements positifs en matière de santé et de bien-être.
Comment renforcer le pouvoir d’agir du groupe ?
Conscientiser les problèmes. Les formateurs·trices partent de l’expertise des individus sur les difficultés qu’ils rencontrent dans leur contexte professionnel. Leur rôle consiste à faciliter l’identification et la formulation de ces problèmes. William Ninacs (Ninacs, 1995), à travers ses travaux sur le pouvoir d’agir, a identifié des composants du processus général d’empowerment, parmi lesquels on trouve la conscientisation critique. Pour permettre l’émergence et la construction d’une conscientisation critique, William Ninacs évoque la nécessité « d’une pédagogie qui repose sur le questionnement, voire la remise en question, et qui encourage les individus à trouver leurs propres réponses et solutions. » (Ninacs, 1995, p.78).
Il distingue trois dimensions de cette conscientisation des problèmes :
- La conscience collective (je ne suis pas seul·e à avoir ce problème).
- La conscience sociale (les problèmes individuels et collectifs sont influencés par la façon dont la société est organisée).
- La conscience politique (les solutions passent par un changement social, une action politique).
Activer les leviers de la motivation. L’étude de Frédéric Guay, publiée en 2022 dans la revue Canadian Journal of School Psychology, applique la théorie de l’autodétermination à l’éducation en examinant les types de régulation motivationnelle des apprenant·es, leurs besoins psychologiques et les comportements qui soutiennent leur autonomie. Cette étude souligne l’importance des comportements qui soutiennent l’autonomie des apprenant·es, tels que la reconnaissance de leurs choix et de leurs compétences, l’encouragement de leur créativité et de leur curiosité, ainsi que l’établissement de relations positives et de soutien avec les formateurs·trices et leurs pairs (Guay, 2022).
La motivation : un enjeu complexe de la formation
La motivation est importante pour favoriser l’engagement dans la formation. Elle émane de l’interaction entre des facteurs individuels propres aux apprenant·es (buts personnels, sentiment d’efficacité personnel, image de soi, émotions, rapport aux savoirs…) et situationnels, propres à l’environnement d’apprentissage (format, pratiques pédagogiques du formateur ou de la formatrice, contexte institutionnel, climat du groupe, type d’interactions : coopération vs compétition). L’enchevêtrement de ces dimensions fait qu’aujourd’hui, plutôt que de motivation, on parle d’un système qui forme une « dynamique motivationnelle » (Bourgeois, 2011, p. 240).
Valoriser l’existant et célébrer le chemin parcouru. La conscientisation de ce qui se fait déjà rejoint plus globalement l’importance de la reconnaissance des compétences et des expériences comme méthode de renforcement du pouvoir d’agir. Célébrer le chemin parcouru dans une formation consiste à aider les participant·es à prendre conscience de leur progression et des savoirs qu’ils et elles ont acquis au cours de la formation. Cette approche met en évidence les points de vue et les expériences, favorisant la compréhension des consensus et des dissensus au sein du groupe. Cela contribue à renforcer la dynamique de groupe et à favoriser un dialogue constructif entre les participant·es. La célébration peut consister à rendre les avancées visibles, par exemple en réalisant des productions et en les affichant (blason, affiches, poster, slogan, collages…) ou en s’appuyant sur les productions des participant·es pour résumer la séquence. L’évaluation peut se faire à voix haute et collectivement.
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