Après tout (ou avant tout), pourquoi collaborer ? Au-delà de l’effet de cumul lié au nombre de parties prenantes, c’est la condition de toute action intersectorielle, levier central de la réduction des inégalités sociales de santé (Bilodeau et al., 2003).
Les actions intersectorielles sont identifiées comme ayant un effet de réduction des inégalités sociales de santé (Bilodeau et al., 2003). Avec les « alliances multiréseaux », elles font pleinement partie de la promotion de la santé et de l’équité en santé (Charte d’Ottawa, 1986 ; Charte de Bangkok, 2005) et contribuent à la « santé dans toutes les politiques ». Cette approche permet de prendre en compte la santé et la responsabilité sociale dans les politiques, au-delà du seul secteur sanitaire (Déclaration d’Helsinki, 2013).
L’action intersectorielle permet :
- D’associer différents intérêts et créer des synergies ;
- De s’interroger et comprendre collectivement les problèmes ;
- De concevoir des solutions adaptées aux territoires et aux populations ;
- D’agir de manière cohérente, coordonnée et pérenne sur plusieurs déterminants de la santé ;
- D’identifier des opportunités de collaboration.
Les résultats transitoires des effets d’une action intersectorielle
Dans l’analyse des effets ou de l’impact d’une action intersectorielle, il est possible d’identifier si des résultats intermédiaires ont été atteints. On parle alors de résultats transitoires. Ces résultats transitoires constituent des repères qui permettent d’estimer, avant l’issue du projet, ce que l’action intersectorielle a produit, autrement dit les effets d’une dynamique partenariale.
Premier domaine d’action : se constituer et se maintenir
Les résultats transitoires de ce domaine sont la création de réseaux, l’adoption de structures et de règles de gouvernance en réseau, la résolution des controverses qui peuvent être des divergences d’intérêt ou de vision, s’il en émerge (Bilodeau et al., 2003).
Deuxième domaine d’action : se représenter et influencer
Les résultats transitoires de ce domaine regroupent des activités qui visent à assurer une légitimité et une crédibilité au collectif, au réseau et à favoriser l’adhésion d’acteurs-clés à ses objectifs. Cela se traduira par la réalisation de rapports, notes de positionnement, plaidoyers, communiqués ou dossiers de presse. Mais aussi par des communications orales assurées par des porte-parole.
Troisième domaine d’action : faire converger les acteurs et les ressources nécessaires à l’action.
Les résultats transitoires sont l’alignement d’intérêts, les déplacements d’acteurs, la captation de ressources, l’extension et le renforcement des réseaux et des projets qu’ils portent, l’engagement d’acteurs décisionnels dans la réalisation du changement.
Quels sont les effets du partenariat ?
D’après les données de la littérature, ils sont de deux catégories.
Des effets opérationnels :
- Le développement des capacités pour agir et répondre aux besoins en présence, collectivement et individuellement (Corbin et Mittelmark, 2008);
- L’étayage des réseaux d’acteurs pour plus de cohérence globale (Kegler et al., 2007 ; Kegler et Swan, 2012 ; Cheadle et al., 2008);
- L’accroissement de l’accès aux ressources (moyens humains et financiers, compétences, expertises) et des opportunités de développement de nouvelles compétences (Willis et al., 2017);
- L’augmentation de la part de créativité dans la résolution des problèmes et la facilitation de l’innovation sociale (Richez-Battesti et al., 2013);
Des effets politiques :
- Création d’un « sens de l’urgence » au changement (Estacio et al., 2017) : le partenariat peut permettre de mieux définir les problèmes sur lesquels agir, de les prioriser voire de les rendre prioritaires;
- Le renforcement de la représentativité et de l’influence du collectif (Bilodeau et al., 2018);