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Les objectifs de la formation en éducation et promotion de la santé
La formation dans le champ de l’éducation et de la promotion de la santé désigne un dispositif pédagogique qui vise à développer les compétences nécessaires pour mener des actions d’éducation et de promotion de la santé auprès de ses publics. Elle s’adresse à tous les professionnels (ou citoyens tels que les bénévoles d’association) qui, par leurs rôles et leurs actions, peuvent contribuer à développer les capacités des personnes et des collectifs à prendre en charge leur propre santé, dans une perspective d’amélioration de l’état de santé des populations et de réduction des Inégalités Sociales de Santé (ISS).
Qu’est-ce qu’une compétence ?
Une compétence est la capacité à mobiliser des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être pour “agir dans une situation professionnelle complexe en vue d’une finalité” (Le Boterf, 1998). La compétence dépend de trois conditions :
- Savoir agir : être capable de mobiliser différentes ressources pour agir :
Savoirs : déclaratifs (connaissances de concepts et de faits), savoirs procéduraux (connaissances des méthodes à suivre), savoirs conditionnels (connaissance des contextes dans lesquels les méthodes s’appliquent)
Savoir-faire : cognitifs (opérations mentales), relationnels (savoir se comporter dans des interactions avec autrui), opérationnels (savoir procéder)
Savoir-être : représentations (de soi, de son rôle, de ses publics), qualités personnelles et comportementales (empathie, assertivité, curiosité, écoute…)
- Pouvoir agir : disposer des moyens nécessaires pour agir : moyens financiers et humains, soutien institutionnel, pouvoir influencer les décisions…
- Vouloir agir, être motivé : intégrer les objectifs et valeurs de la promotion de la santé, se sentir responsable de ses actions, se sentir compétent, se sentir en lien avec d’autres personnes qui partagent les mêmes valeurs, enjeux et pratiques.
Les objectifs opérationnels des formations en éducation et promotion de la santé :
- Développer les connaissances des acteurs, ex : prendre conscience que la santé ne veut pas dire absence de maladie mais état de bien-être physique, mental et social ; savoir que l’état de santé est largement déterminé par des facteurs sociaux, économiques, politiques et environnementaux ; comprendre l’enchaînement théorique des étapes de la méthodologie de projet ; savoir définir les concepts de critères et indicateurs d’évaluation, connaître la notion d’inégalités sociales de santé et les leviers d’action permettant de les réduire, etc.
- Développer des savoir-faire ou améliorer les pratiques : savoir construire un déroulé d’intervention ; savoir animer un atelier collectif auprès de différents publics ; savoir construire un outil d’évaluation d’une action ; savoir adopter une posture éducative favorable à la motivation et au renforcement du pouvoir d’agir des publics, etc.
- Adopter des attitudes favorables : engager une réflexion sur les représentations des participants sur le sujet de la formation, sur eux-mêmes, sur leurs rôles et sur leurs publics ; prendre conscience des différences possibles entre leurs représentations et celles de leurs publics ; comprendre le rôle des représentations dans les actions et à questionner les postures professionnelles.
- Accroitre la capacité des acteurs à agir dans leur contexte spécifique : identifier les freins et leviers à l’action dans son contexte, par exemple quels acteurs peuvent être ressources sur son territoire, où trouver des sources de financement pour un projet, identifier des stratégies pour mobiliser les décisionnaires (élus, direction de structures…), etc.
- Renforcer la motivation des acteurs à mener des actions d’éducation et de promotion de la santé : la formation, par la posture adaptée des formateurs, permet de rassurer, de valoriser ce qu’ils font déjà, de favoriser l’émulation et le soutien entre participants et de faciliter l’internalisation des principes et valeurs de la promotion de la santé, afin qu’elles fassent partie intégrante des intentions et pratiques des acteurs.
La pédagogie dans les formations en éducation et promotion de la santé
Il existe de nombreuses formes de pédagogies ancrées dans différents courants théoriques (behaviorisme, cognitivisme, constructivisme, socioconstructivisme…). Ces théories sont fondées sur des représentations différentes du formateur, de l’apprenant et du processus d’apprentissage.
Les formations en éducation et promotion de la santé mobilisent plutôt des méthodes de pédagogie active : l’apprenant est vu comme acteur de son apprentissage. Il construit ses connaissances grâce à des méthodes le mettant en action (études de cas, exercices, mises en situation, partage d’expériences et de connaissances, activités de débat et de coopération), de manière individuelle et, surtout, en interaction avec d’autres participants. Ces méthodes visent à :
- Soutenir l’attention, préalable à la compréhension et à la mémorisation.
- Confronter les apprentissages aux connaissances préalables et expériences vécues par les participants pour mieux les intégrer.
- Travailler sur les situations réelles des participants.
- Faciliter les échanges d’expérience entre pairs et la recherche collective de solutions.
En pédagogie active, le formateur n’est pas considéré comme le seul détenteur des savoirs et se définit moins par son rôle de transmetteur de connaissances que par celui « [d’]organisateur des conditions d’apprentissage » (Pellaud et Eastes, 2003, p. 7). Le formateur conçoit des situations pédagogiques et organise l’environnement (environnement matériel, dynamique de groupe, gestion du temps, etc.) de manière à mettre en place des conditions favorables à l’apprentissage. Le formateur peut ponctuellement apporter des éléments d’expertise (repères méthodologiques, éléments de cadrage théoriques) mais reste plus fermement ancré dans des postures d’animation et d’accompagnement du groupe.