Pourquoi s’appuyer sur les émotions ?
Il est désormais avéré que les émotions ont un rôle moteur dans le processus d’apprentissage, étant donné que les circuits dits « émotionnels » et ceux dits « rationnels » sont interconnectés dans le cerveau au moment d’apprendre. L’enjeu de la recherche consiste aujourd’hui à déterminer leur rôle dans l’apprentissage, lesquelles sont spécifiquement mobilisées, et à quel moment (voir notre fiche repère dédiée : Les émotions dans les activités de formation).
Quels leviers activer pour soutenir les processus émotionnels ?
Plusieurs leviers ont fait preuve de leur efficacité pour soutenir les processus émotionnels des apprenant·es :
- Soutenir les émotions agréables, individuelles et collectives (plaisir, joie, fierté, amusement…), constitue un premier levier. Il peut être activé à travers des activités ludiques (voir la définition de la ludopédagogie, ou l’utilisation du jeu dans les apprentissages), la valorisation des parcours, des expériences et des interventions des apprenant·es pendant la formation, la constitution d’une dynamique groupale (voir étape 4.4 : Renforcer la dynamique groupale) et le jeu sur les effets de surprise, l’humour, le storytelling ou les images qui interpellent pour favoriser la motivation et la mémorisation.
- Conscientiser les compétences socio-émotionnelles des apprenant·es. Les travaux de recherche sur les émotions sont inspirants, comme par exemple ceux du CASEL, une organisation qui œuvre à la promotion de pratiques fondées sur des résultats probants au sujet du SEL pour Social and Emotional Learning. Ces travaux mettent en évidence cinq compétences émotionnelles que nous avons tous et toutes plus ou moins développées au cours de notre vie : l’identification, l’expression, la compréhension, la régulation et l’utilisation des émotions.
- Accueillir l’expression émotionnelle en l’encourageant par des activités spécifiques et en lui donnant une place dans le groupe. Le partage collectif des ressentis, en faisant attention au groupe, à la manière dont les ressentis sont exprimés et à l’objectif visé, peut également avoir un effet bénéfique sur le renforcement de la compétence de régulation émotionnelle.
Exemple : en début de formation, proposer aux apprenant·es de partager une envie et une crainte permet d’accueillir l’état émotionnel de chacun·e.
- Encourager l’acceptation du doute, une émotion au cœur de l’acte d’apprendre. Parmi les recherches en cours, il est par exemple montré que le doute, l’anticipation des regrets et la curiosité constituent trois émotions qui sont « des piliers de l’intelligence humaine » (Houdé, 2019).
- Prêter attention à la contagion émotionnelle au sein du groupe : il est démontré que si les émotions individuelles jouent un rôle dans l’apprentissage, les émotions peuvent être contagieuses (prenons l’exemple de l’ennui, auquel il convient de prêter attention).
- Réguler les tensions et les conflits constitue une autre approche possible de la régulation émotionnelle, pour ne pas laisser les émotions désagréables prendre le dessus.
- Célébrer le chemin parcouru dans une formation consiste à aider les participant·es à prendre conscience de leur progression et des savoirs qu’ils ont acquis au cours de la formation. La célébration a aussi pour objectif de marquer des étapes de la formation en reconnaissant les efforts et les progrès réalisés par les participant·es. L’une des formes de la célébration peut consister à rendre les avancées visibles, par exemple en réalisant des productions et en les affichant.