5 – S’appuyer sur les émotions

Pourquoi s’appuyer sur les émotions ?

Il est désormais avéré que les émotions ont un rôle moteur dans le processus d’apprentissage, étant donné que les circuits dits « émotionnels » et ceux dits « rationnels » sont interconnectés dans le cerveau au moment d’apprendre (voir la fiche repère : Les émotions dans les activités de formation). L’enjeu de la recherche consiste aujourd’hui à déterminer leur rôle dans l’apprentissage, lesquelles sont spécifiquement mobilisées, et à quel moment.   

Quels leviers activer pour soutenir les processus émotionnels ?

Plusieurs leviers ont fait preuve de leur efficacité pour soutenir les processus émotionnels des apprenant·es : 

  • Soutenir les émotions agréables, individuelles et collectives (plaisir, joie, fierté, amusement…) constitue un premier levier, qui peut être activé à travers des activités ludiques (voir la définition de la ludopédagogie, ou l’utilisation du jeu dans les apprentissages), la valorisation des parcours, des expériences et des interventions des apprenant·es pendant la formation, la constitution d’une dynamique groupale (voir étape 4.4 : Renforcer la dynamique groupale) et le jeu sur les effets de surprise, l’humour, le « storytelling », ou les anecdotes et les images qui interpellent pour favoriser la motivation et la mémorisation. 
    Exemple : lors d’une formation abordant le syndrome du manque de nature, l’histoire d’une famille de la ville de Sheffield, tirée des observations d’un médecin britannique, est racontée pour illustrer le déclin des expériences de nature au fil des générations. Les participant·es expriment leurs ressentis sur cette histoire et cherchent collectivement des solutions possibles.
  • Conscientiser les compétences socio-émotionnelles des apprenant·es. Les travaux de recherche sur les émotions (voir par exemple ceux du CASEL) mettent en évidence cinq compétences émotionnelles que nous avons tous et toutes plus ou moins développées au cours de notre vie : l’identification, l’expression, la compréhension, la régulation et l’utilisation des émotions.
    Exemple : en proposant une activité de conscientisation en fin d’activité (voir étape 5.4 : Conscientiser ou « débriefer »), vous renforcez la compétence d’identification et d’expression émotionnelle des participant·es.
  • Accueillir l’expression émotionnelle en l’encourageant par des activités spécifiques et en lui donnant une place dans le groupe.  Le partage collectif des ressentis, en faisant attention au groupe, à la manière dont les ressentis sont exprimés et à l’objectif visé, peut également avoir un effet bénéfique sur le renforcement de la compétence de régulation émotionnelle.
    Exemple : en début de formation, proposer aux apprenant·es de partager une envie et une crainte permet de partager ses désirs et ses peurs, et ainsi, d’accueillir l’état émotionnel de chacun·e. 
  • Encourager l’acceptation du doute, une émotion au cœur de l’acte d’apprendre. Parmi les recherches en cours, il est par exemple montré que le doute, l’anticipation des regrets et la curiosité constituent trois émotions qui sont « des piliers de l’intelligence humaine » (HOUDÉ O – L’Intelligence humaine n’est pas un algorithme, Paris : Odile Jacob, avril 2019, 256 p). 
  • Prêter attention à la contagion émotionnelle au sein du groupe : il est démontré que si les émotions individuelles jouent un rôle dans l’apprentissage, les émotions peuvent être contagieuses (prenons l’exemple de l’ennui, auquel il convient de prêter attention pendant la formation). 
  • Réguler les tensions et les conflits constitue une autre approche possible de la régulation émotionnelle, pour ne pas laisser les émotions désagréables prendre le dessus. 

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