Les représentations : de quoi s’agit-il ?
Les représentations sociales peuvent être définies comme des formes de connaissances socialement développées et partagées qui permettent aux individus de donner un sens à leur réalité et de la rendre compréhensible.
Elles sont construites par les interactions au sein des groupes sociaux et sont influencées par les valeurs, les normes, les expériences et les pratiques culturelles. Elles ont un rôle central dans la construction des identités individuelles et collectives, la communication entre les individus et la création de référentiels communs. Elles façonnent la manière dont nous percevons le monde, les autres et nous-mêmes, et peuvent influencer nos attitudes, notre comportement et notre jugement. Elles peuvent également influencer la manière dont nous interagissons avec nos collègues, nos publics et nos usagers. La prise de conscience de nos propres représentations et de leur impact sur notre posture professionnelle est donc essentielle, que ce soit en tant que formateur·trice ou en tant que participant·e.
Pourquoi travailler sur les représentations en formation ?
En questionnant leurs représentations, la formation permet aux participant·es de :
- Faire un pas de côté pour mieux apprendre : travailler sur ses représentations requiert d’avoir mis en place un cadre bienveillant et sécurisant. Ensuite, cela implique un processus de « déstabilisation cognitive » (Connac, 2018) qui favorise et ancre la construction de nouveaux savoirs (voir à ce sujet les processus d’assimilation et d’accommodation définis par Jean Piaget). Le principe de la déconstruction des représentations est simple : il s’agit de partir d’un élément considéré comme certain par un individu, et donc, de sa propre représentation, pour la confronter à celle des autres, puis de l’amener à faire évoluer son point de vue. Il est essentiel de prendre en compte le fait que ce processus n’est pas évident et peut entrainer une déstabilisation affective fragilisant les apprenant·es si le cadre n’est pas contenant (menant par exemple à des abus de pouvoir ou à des moqueries).
- Prendre conscience de ses influences et de ses perceptions : il s’agit de prendre conscience des facteurs qui nous influencent tels que des normes culturelles, des identités collectives ou des intérêts particuliers. Cette prise de conscience permet de prendre du recul sur ses propres croyances.
- Créer un langage commun : en travaillant sur les représentations sociales, la formation facilite la création d’un langage commun entre les participant·es. Cela encourage l’émergence d’apports théoriques et pratiques basés sur les constats des représentations du groupe et des formateurs ou des formatrices.
- Accompagner la réflexion sur les pratiques professionnelles : il peut exister des écarts entre les représentations sociales des professionnel·les et celles des publics sur un sujet donné. Il s’agit, d’une part, de prendre conscience que nos représentations peuvent conduire à des attitudes de jugement et des postures manquant d’empathie ou d’inclusion, et d’autre part, de montrer qu’il est important ne pas imposer ses propres représentations, mais plutôt de les adapter aux besoins et aux réalités des publics. Cela favorise la compréhension mutuelle et une réflexion sur la posture et le rôle des professionnel·les.
Comment travailler sur les représentations ?
Avant la formation
- Identifier les représentations à déconstruire. Changer ses représentations peut être un processus complexe car il dépend des caractéristiques individuelles, du contexte social, des interactions et des influences environnementales. Certaines représentations sociales peuvent par exemple être plus résistantes au changement que d’autres, en raison de leur ancrage dans des normes culturelles, des identités collectives, ou d’intérêts particuliers.
- Préparer une séquence ou une activité sur les représentations (voir Boîte à outils : Répertoire de techniques pour travailler sur les représentations). S’adapter au niveau du groupe est essentiel : elle doit être suffisamment difficile pour stimuler les participant·es à faire des prédictions, mais pas trop difficile, ce qui les découragerait. Dehaene a mis en lumière le rôle essentiel de la prédiction (et des erreurs de prédiction) : le cerveau produit en permanence des modèles internes et des hypothèses pour générer des prédictions sur le monde extérieur (Dehaene, 2012). Si elles se révèlent correctes, cela renforce notre circuit neuronal et notre confiance en nos capacités de prédiction. Si elles sont incorrectes, cela active un signal d’erreur qui stimule l’apprentissage et la mise à jour de nos prédictions.
- Aménager un espace physique ou créer un espace numérique où les participant·es pourront partager leurs expériences et leurs représentations sur un thème, par exemple en installant un espace d’affichage collaboratif dans la salle, ou en préparant un outil d’animation en ligne pour faire émerger un nuage de mots collaboratif (de nombreux sites permettent de réaliser des nuages de mots en direct comme AnswerGarden).
Exemple : La formatrice dispose un jeu de photoexpression sur une table.
Pendant la formation
- Faire des retours réguliers aux participant·es. Il est important de leur faire des retours sur leurs erreurs de prédiction, afin qu’ils puissent mettre à jour leurs connaissances et renforcer leur circuit neuronal.
- Amener des exemples, tels que des actions mises en place ailleurs sur la thématique de la formation, qui valident le processus.
- S’appuyer sur des apports d’information issues de l’expérience et de la littérature scientifique
Exemple : sur le volet nutrition, présenter un article sur les effets de l’injonction à finir son assiette - Encourager des activités de conscientisation de ce qui s’est décalé, en particulier à la fin de la formation, par exemple, en invitant inviter les participant·es à réfléchir sur ce qui a été appris et sur la manière d’appliquer ces nouvelles connaissances et ces compétences dans leur pratique professionnelle (voir étape 5.4 : Conscientiser (ou « débriefer »).