Etape 4 : Collecter les données d’évaluation

Les sources de données sont multiples : enquête, analyse de documents, tableaux de suivi, observation… L’enquête constitue toutefois l’outil le plus fréquemment utilisé pour recueillir l’information. Mais comment choisir la bonne enquête et à quoi sert-elle ?

Les enquêtes permettent de recueillir des informations sur l’action telles que des :

  1. Connaissances, satisfactions et perceptions des parties prenantes sur l’action, ses points forts et ses points faibles ; …
  2. Opinions, représentations, comportements, capacités, changements perçus, ou autres caractéristiques personnelles…

Qu’elles soient « qualitatives » ou « quantitatives », les enquêtes doivent :

  • Etre ciblées sur les questions d’évaluation.
  • Etre organisées à l’avance avec un protocole qui décrit les étapes du travail.
  • S’appuyer sur un outil de recueil de données, guide d’entretien ou questionnaire.
  • Etre analysées suivant une méthode rigoureuse prévue dès le départ.
  • Répondre à des critères éthiques.

L’enquête utilisée dans une démarche d’évaluation doit être ajustée aux moyens réels du porteur de l’action (formation initiale, pratiques professionnelles, temps disponible, ampleur de l’action…). N’oubliez pas que l’intérêt d’une évaluation est d’aller au-delà de ses intuitions, de prendre du recul par rapport à son action, d’envisager le point de vue de « l’autre », et ce grâce à des outils qui seront élaborés avec le plus de rigueur possible.



Reprendre les critères à renseigner par l’enquête pour construire les outils de recueil de données.

On ne peut pas savoir « tout sur tout ». Limitez-vous aux critères qui ont été retenus en lien avec la question d’évaluation et qui correspondent aux questions posées. Par exemple : la satisfaction des participants à la fin d’une journée d’information ou de formation, l’adhésion à des messages ou des recommandations, l’utilisation d’un service, les changements qu’a permis l’action

Choisir le type d’enquête

On ne décide pas a priori d’opter pour une enquête quantitative plutôt qu’une enquête qualitative (ou inversement). On s’interroge d’abord sur ce que l’on cherche, sur les critères que l’on souhaite renseigner, et on détermine ensuite l’outil le plus approprié.

Le mode de recueil est choisi suivant les objectifs de l’enquête :

Enquête qualitative Enquête quantitative          
Exploratoire par entretiens individuels ou collectifs, par observation Descriptif, par questionnaires
Comprendre des pratiques et des représentations Dénombrer, hiérarchiser, mesurer l’écart
Personnes interrogées : nombre limité mais échantillon « raisonné » et construit de telle sorte qu’il soit bien en lien avec les différentes facettes de l’action Personnes interrogées : soit un groupe exhaustif (tous les élèves de la classe concernée par l’action, tous les participants à la formation…) soit un échantillon représentatif (ce qui est difficile à construire)
Informations nombreuses et sous forme de texte Réponses courtes et préformées – Informations numériques
Analyse du contenu des réponses Analyse quantitative/statistique :
Tris à plat
Tris croisés

Que ce soit dans le cadre d’une enquête qualitative ou quantitative, une grande rigueur dans la collecte des données et leur analyse est nécessaire.

1 – L’enquête qualitative

Les enquêtes qualitatives s’appuient la plupart du temps sur des entretiens individuels ou de groupe. Elles sont généralement adaptées pour un recueil des représentations et ...

2 – L’enquête quantitative

Les enquêtes quantitatives pour avoir du sens doivent être : Exhaustives (tous les bénéficiaires de l’action) Ou représentatives (l’échantillon de personnes enquêtées doit ressembler le ...

3 – Les techniques ludiques de recueil de données

Dans certains cas, les populations cibles peuvent être freinées par des enquêtes très formelles comme le questionnaire. Il peut être alors pertinent d’utiliser des outils ...

Quel que soit l’outil, il s’agit de faire attention aux « copier-coller » car les outils d’enquête doivent rester adaptés au sujet traité. Penser aussi dans l’enquête à bien différencier des variables pertinentes par rapport à la question d’évaluation (exemple : âge, sexe, profession…).

Les règles éthiques et juridiques des enquêtes

  • Le consentement libre et éclairé des répondants, le droit de se retirer de l’étude sans préjudice, l’anonymat des répondants, la confidentialité des réponses individuelles, et la demande d’autorisation de citer des passages s’il s’agit d’entretiens.
  • Obtenir l’autorisation des parents ou tuteurs lorsque les répondants sont mineurs. (Des modèles de formulaire sont disponibles en ligne.)
  • Si les données sont nominatives (lorsqu’on peut remonter à l’identité des répondants) se mettre en conformité avec le règlement général de protection des données (RGPD) (voir le site Internet : www.cnil.fr).

Ai-je bien compris ?

Qu’est ce qui va déterminer le choix d’une enquête qualitative ou d’une enquête quantitative ?

La définition de la question d’évaluation va orienter le choix de l’enquête. Ainsi, en fonction de ce que l’on cherche à savoir, des critères et des indicateurs retenus, on pourra déterminer le type d’enquête à privilégier. Si l’on souhaite questionner des fréquences de comportements, des niveaux de connaissance, des niveaux de satisfaction on optera pour un questionnaire. Si l’on souhaite s’interroger sur des représentations, des pratiques, des opinions sur un problème donné, des perceptions sur une action… l’entretien apparaîtra comme le plus pertinent.

La mise en place d’une enquête exige-t-elle des démarches particulières ?

Pour tout type d’enquête, il est nécessaire d’obtenir l’accord ou au moins d’informer les représentants institutionnels s’il y en a (Rectorat s’il s’agit d’interroger des infirmières scolaires ; Directeur d’hôpital s’il s’agit de professionnels d’un hôpital…).
Si l’enquête vise des répondants mineurs, il faut obtenir l’autorisation des parents ou tuteurs.
Enfin, si les données recueillies sont nominatives (recueil d’information permettant de remonter à l’identité du répondant), il est nécessaire de se mettre en conformité avec le Règlement Général de Protection des Données (RGPD).

Quels sont les principaux outils d’enquête ?

Pour une enquête qualitative, il s’agit la plupart du temps de s’appuyer sur des entretiens individuels ou de groupe. Les entretiens permettent de comprendre les pratiques et les représentations des personnes interrogées et facilitent l’analyse de problèmes complexes ou l’exploration de nouveaux problèmes. Ils permettent d’obtenir de nombreuses informations sous forme de texte. L’outil de recueil de données est la grille d’entretien constituée à partir des critères et indicateurs prédéfinis et composée de questions ouvertes et semi-directives. Le nombre d’entretiens est à évaluer en fonction de la diversité et de la taille de la population ciblée par l’action. Il doit être diversifié même sil il est parfois réduit (10 personnes par exemple).

Dans l’enquête quantitative, c’est le questionnaire qui sert d’outil de recueil. Il permet de dégager les points de vue dominants et de mesurer des fréquences de comportements, de connaissances, de croyances…Il donne lieu à des réponses courtes et préformées et à des informations numériques. Le questionnaire est construit à partir des critères et indicateurs prédéfinis et se compose principalement de questions fermées. Les enquêtes quantitatives concernent soit un groupe exhaustif, soit un échantillon représentatif.

Au-delà du questionnaire et de la grille d’entretien, il existe aussi des outils de recueil de données plus ludiques (tour de table avec levée de carton de couleur, cible, cercle de l’évaluation…) que vous pouvez retrouver dans la boite à outils.



Pour passer à la pratique

  • Choisissez votre question d’évaluation : vous orientez-vous plutôt sur un objectif de compréhension (enquête qualitative) ou de mesure (enquête quantitative) ?
  • Interrogez-vous sur votre connaissance du sujet : si le sujet est connu et relativement simple, l’enquête quantitative semble appropriée ; si le sujet est mal connu et relativement complexe, l’enquête qualitative paraît plus appropriée.
  • Repérez le nombre de personnes concernées par cette étape d’enquête. Une enquête est d’autant plus intéressante que le nombre de répondants est élevé.
  • A partir des critères et des indicateurs retenus, rédigez les questions de votre questionnaire ou de votre guide d’entretien. Testez-les pour vous assurer qu’il n’y a pas d’ambiguïté et que les questions sont claires.
  • Pour faciliter la passation de l’entretien, prévoyez quelques questions plus précises de relance pour creuser un point qui n’aurait pas été spontanément abordé, et enregistrez l’entretien en vue de compléter l’analyse de contenu qui s’en suit.
  • Pour construire le questionnaire, utilisez un vocabulaire simple et non ambigu, formulez des questions affirmatives et veillez à ce qu’il n’y ait qu’une seule question par énoncé. Il est possible d’ajouter quelques questions ouvertes qui seront plus longues à traiter donc attention à ne pas les multiplier dans le questionnaire.