Mais après tout (ou avant tout), pourquoi collaborer ? Au-delà de l’effet de cumul lié au nombre de parties prenantes (cumul de ressources, cumul de compétences, légitimité cumulée), c’est la condition de toute action intersectorielle.
L’action intersectorielle est identifiée comme ayant un effet sur les inégalités sociales de santé. L’action intersectorielle ainsi que les « alliances multi-réseaux » font pleinement partie de la promotion de la santé et de l’équité en santé (Charte d’Ottawa, 1986 ; Charte de Bangkok, 2005). La « santé dans toutes les politiques » vise la prise en compte de la santé et de la responsabilité sociale dans les politiques au-delà du secteur sanitaire (Déclaration d’Helsinki, 2013).
L’action intersectorielle permet :
- D’associer différents intérêts et créer des synergies.
- De s’interroger et comprendre collectivement les problèmes.
- De concevoir des solutions adaptées aux territoires et populations.
- D’agir de manière cohérente, coordonnée et pérenne sur plusieurs déterminants de la santé.
- D’identifier des opportunités de collaboration.
Quels sont les effets du partenariat ?
On peut distinguer deux catégories d’effets des partenariats d’après les données de la littérature.
Des effets opérationnels :
- Le développement des capacités pour agir et répondre aux besoins en présence, collectivement et individuellement (selon Corbin et Mittelmark, 2008).
- L’étayage des réseaux d’acteurs pour plus de cohérence globale ( selon Kegler et , 2007 ; Kegler et Swan, 2012 ; Cheadle et al., 2008).
- L’accroissement de l’accès aux ressources (moyens humains et financiers, compétences, expertises) et des opportunités de développement de nouvelles compétences (selon Willis et , 2017).
- L’augmentation de la part de créativité dans la résolution des problèmes et la facilitation de l’innovation sociale (selon Richez-Battesti et al., 2013).
Des effets politiques :
- Création d’un « sens de l’urgence » au changement (Estacio et , 2017) : le partenariat peut permettre de mieux définir les problèmes sur lesquels agir, de les prioriser voire de les rendre prioritaires
- Le renforcement de la représentativité et de l’influence du collectif (Bilodeau et , 2018).
Plus spécifiquement, l’action intersectorielle vise à transformer, littéralement, les milieux dans lesquels s’inscrivent leurs actions. Ces actions marqueront ainsi la vie d’un projet dans le temps comme autant de résultats transitoires (RT) selon la terminologie utilisée par l’équipe de recherche qui les a conceptualisés dans le cadre de l’analyse des effets de l’action intersectorielle 13. Celle-ci en distingue douze, qui relèvent de 3 domaines d’action pour lesquels correspondent des résultats transitoires (RT) qui convergent vers la transformation des milieux de vie. Ces RT constituent des repères qui permettent d’estimer avant l’issue du projet, ce que l’action intersectorielle a produit, autrement dit les effets d’une dynamique partenariale.
1er domaine d’action : se constituer et se maintenir.
Les résultats transitoires de ce domaine sont la création de réseaux, l’adoption de structures et de règles de gouvernance en réseau, la résolution des controverses qui peuvent être des divergences d’intérêt ou de vision s’il en émerge (Bilodeau et al., 2003).
2e domaine d’action : se représenter et influencer.
Les RT de ce domaine regroupent des activités qui visent à assurer une légitimité et une crédibilité au collectif, au réseau et à favoriser l’adhésion d’acteurs-clés à ses objectifs. Cela se traduira par la réalisation de rapports, notes de positionnement, plaidoyer, communiqué ou dossier de presse. Mais aussi par des communications par des porte-paroles
3e domaine d’action : faire converger les acteurs et les ressources nécessaires à l’action.
Les RT sont l’alignement d’intérêts, les déplacements d’acteurs, la captation de ressources, l’extension et le renforcement des réseaux et des projets qu’ils portent, l’engagement d’acteurs décisionnels dans la réalisation du changement.