1 – Poser un cadre sécurisant

Qu’est-ce que le cadre ?

La notion de « cadre » au sein d’un dispositif de formation peut comprendre des aspects variés de la formation en fonction du modèle théorique choisi. Nous considérerons qu’elle englobe ces aspects :

  1. Le cadre institutionnel et pédagogique : l’intention de la formation, le programme, les méthodes d’évaluation, l’engagement contractuel…
  2. L’environnement physique : les espaces de travail, les lieux de la formation (sanitaires, espace extérieur…), le caractère confortable et convivial de la salle de formation…
  3. L’enveloppe groupale : le profil des participant·es, les règles de fonctionnement du groupe, les interactions entre les participant·es et le formateur ou la formatrice…
  4. Le formateur ou la formatrice est non seulement garant·e du cadre, mais il ou elle fait également vivre les règles en les incarnant par sa posture : une attitude bienveillante, de l’écoute et de la disponibilité, le respect des horaires et des pauses… Il ou elle s’adapte en fonction de la dynamique du groupe et de la progression des apprentissages. On oublie trop souvent que la confiance qu’entretient le groupe vis-à-vis du formateur ou de la formatrice, de ses connaissances et de sa capacité à transmettre font partie intégrante et modèlent le cadre de la formation.

Pourquoi poser un cadre ?

Le cadre incite à faire sens ou culture commune, tout en respectant les limites de chaque personne. Il pose les conditions nécessaires à la satisfaction des besoins individuels des participant·es et des formateurs ou des formatrices, et les engagent à les respecter collectivement. Il favorise le sentiment de plaisir et de partage. Le cadre répond au besoin de sécurité des participant·es et des formateurs et formatrices en instaurant un climat de confiance et en assurant de bonnes conditions pratiques.

Quand poser un cadre ?

Observons à présent les moments successifs pendant lesquels il est possible de  poser le cadre aux pendant la formation.

A l’arrivée des participant·es
  • Soigner l’arrivée : un accueil soigné peut se traduire par des choses aussi simples qu’une attitude disponible et avenante, un sourire, des salutations et quelques phrases d’accueil : Avez-vous fait bonne route ? Avez-vous rencontré des difficultés pour trouver le lieu de la formation ? Cet accueil passe aussi par la mise à disposition d’un accueil café/thé (biscuits, fruits secs, fruits…) et, pourquoi pas, par un fond musical qui peut remplir des silences vécus comme gênants quand le groupe ne se connait pas.
  • Personnaliser l’arrivée : un accueil individuel au sein du collectif est important. Il peut consister simplement à proposer de poser ses affaires et d’écrire son prénom (écriteau, scotch de peintre sur un habit) ou de signer la feuille d’émargement : Comment vous appelez-vous ? Je vous invite à écrire votre prénom sur tel support.
Au démarrage de la formation

Le cadre se construit dès le début de la formation.

  • L’introduction : la présentation des objectifs, du programme, des horaires…
  • Le partage des attentes : les attentes du groupe peuvent être collectées en amont ou au démarrage de la formation. Une synthèse de celles-ci est essentielle car elle accuse réception des besoins individuels et permet de les valider. Un tour des attentes peut être réalisé de différentes manières : tour de table classique avec une prise de note sur Paperboard, rédaction de Post-it individuels puis partage en grand groupe, projection d’un diaporama, présentations croisées… Il est particulièrement important de faire le lien entre les attentes exprimées et le programme de formation.
    Exemple : le programme de formation est projeté et comparé aux attentes des participant·es, listées en amont sur des Post-it. Cela permet de visualiser les écarts potentiels entre le programme et les attentes.
  • Les règles du groupe : les règles, proposées en amont ou coconstruites avec le groupe, posent les conditions du vivre ensemble pendant ce temps partagé et répondent aux besoins des formateurs ou des formatrices et du groupe, ce qui rend le travail ensemble possible : s’écouter les uns les autres, faire preuve de bienveillance et de non-jugement, respecter les horaires, assurer la confidentialité des échanges…
    Exemple. Le formateur ou la formatrice valide des règles pré-écrites avec le groupe (écoute, non-jugement, confidentialité, respect de soi, des autres et du matériel, disponibilité…) et les affiche, puis demande aux participant·es s’ils et elles sont d’accord ou souhaitent les modifier/en ajouter.
    Exemple 2. Une démarche participative peut consister dès le début de la formation à coconstruire les règles du groupe à partir des besoins identifiés de chaque personne sous forme de brainstorming « De quoi avez-vous besoin pour que la formation se passe bien ? » Voir Boîte à outils. Outil 5. Répertoire d’activités pour coopérer
    Exemple 3. Une approche de « mise en tension », consistant à déstabiliser le groupe pour prendre conscience de l’importance des règles, peut être proposée dans certains groupes qui se connaissent déjà. Voir Boîte à outils. Outil 3. Répertoire de techniques pour poser le cadre

Laissez parler votre créativité pour coconstruire les règles, sans oublier les points-clés de la co-construction :
– Préciser à quoi elles servent
– Les faire valider par l’ensemble du groupe
– Expliciter le fait que le groupe, formateurs ou formatrices et participant·es inclu·es, est responsable du respect de celles-ci

Selon les intentions pédagogiques, ces règles collectives peuvent être discutées plus tard dans le déroulé, et s’appuyer par exemple sur une première mise en situation pour identifier des règles sous-jacentes.Lors des formations en promotion de la santé qui abordent l’animation d’un groupe, cette séquence sur les règles peut être l’occasion d’adopter une posture réflexive sur l’utilité de les poser, la manière de procéder…

Pendant la formation

Il est essentiel de faire respecter et d’ajuster le cadre pendant la formation, voire d’y revenir.

Comment faire si le groupe sort du cadre établi ?
– L’interpeler en rappelant les règles collectives, par exemple : « Je m’autorise à vous rappeler de faire moins de bruit », « On avait convenu que… ».
– Afficher les règles collectives pour pouvoir demander au groupe, en cas de débordement, s’il est toujours d’accord avec ces principes.
– Distribuer les rôles dans les groupes de travail (animateur, gardien du temps, secrétaire…) en veillant à expliquer que cela permettra une meilleure régulation du groupe.
– Ajouter des règles importantes pour vous (pas d’ordinateur/sortir en cas d’appel par exemple). Le groupe n’a pas toujours conscience de l’importance de certaines règles.

N’hésitez pas à faire évoluer le cadre, par exemple en modifiant les horaires de pause méridienne ou en identifiant de nouvelles règles de vie en cas d’incident.
Exemple. Au début du deuxième jour de formation, les formatrices interrogent les participant·es : « Avez-vous des choses à ajouter par rapport à ce que l’on s’est dit hier sur les règles de vie du groupe ? Avez-vous des besoins particuliers ? »

Les participant·es peuvent rencontrer des difficultés à conscientiser et à verbaliser leurs besoins individuels ou se sentir dérangés par la proposition consistant à partager des besoins considérés comme intimes ou privés dans un cadre professionnel (comme le besoin de reconnaissance). Dans ce cas, n’hésitez pas à adapter les modalités de travail (en les mettant en binômes par exemple) ou les activités proposées (mes besoins professionnels dans le cadre de cette formation).

En plus de ces composantes, le formateur ou la formatrice en promotion de la santé inscrit ses actions dans une démarche de protection de l’environnement. Il ou elle veillera par exemple à :
– Privilégier par exemple les pommes aux biscuits dans une démarche de qualité de l’alimentation
– Aérer la salle régulièrement lors des temps de pause pour diminuer la concentration en CO2 dans la pièce
– Réutiliser le matériel et choisir des matériaux durables (un tableau blanc plutôt que des Post-it, des dos d’affiches plutôt que des feuilles de Paperboard…)
– Privilégier des salles accessibles en transports en commun ou en vélo ; Tenter autant que faire se peut de se rendre à la formation en transports en commun, co-voiturage ou à vélo
– Éviter la vaisselle jetable
– Privilégier des produits alimentaires peu transformés (fruits frais ou secs, jus de fruits), locaux, de saison et, si possible, issus de l’agriculture biologique et commerce équitable (café, thé)
– Être vigilant à la cohérence des actions par rapport à la thématique de la formation.
Exemple. Eviter les produits à forte empreinte carbone ou les produits traités chimiquement lors d’une formation sur la santé-environnement
– Privilégier par exemple les pommes aux biscuits dans une démarche de qualité de l’alimentation

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